Ce sont de bons points, Bergevin a effectivement fait des erreurs. De mon côté la pire a été l'acharnement pour Sylvain Lefebvre.
Il y en a d'autres.
Ce que j'essaye de mettre en lumière, c'est le fait que tous les DGs font des erreurs, passent par des périodes creusent... Souvenez-vous comment Jim Nill était louangé quand il avait été chercher Seguin, puis les Stars ont commencé à tourner en rond sans jamais obtenir le titre de prétendant légitime.
Fletcher avec Parize et Suter en même temps, wow! Puis la période creuse...
Si on se compare avec les meilleurs équipes? Sweeney à Boston, ils ont repêché DeBrusk et deux anonymes avant Barzal, Chabot, etc pour commencer leur reset.
Toutes les directions font des gaffes. Chaque année, 30 DG sur 31 échouent.
Maintenant, voici mon analyse de Bergevin...
Il arrive à MTL sans aucune expérience autre que celle des Hawks. Il commence par faire du ménage avec Gomez, Kaberle, etc. Il s'entoure de gens d'expérience pour pallier son inexpérience. Il analyse son équipe, écoute ses conseillers et voici le constat: Price, Subban, MaxPac, Eller, Gallagher, etc sont l'avenir de l'équipe. N'ayant pas vu ces joueurs tant que ça, il adhère à cette vision. Puis repêche Galchenyuk. Tout est en place pour bâtir. Avec ce groupe, il atteint la finale de l'Est, ce qui n'est pas rien.
Néanmoins, pendant ce "cycle", il réalise que MaxPac manque de grit, que Eller manque de vision, que Subban devient une Diva et que Galchenuyk passe son temps dans les bars. Il a dû hésiter entre repartir à zéro, ou essayer de patcher pour pallier les lacunes. Il fait l'erreur (facile à dire aujourd'hui) de patcher. Le plan foire. Malgré tous les efforts, le noyau MaxPac, Subban, Galchenyuk n'a pas ce qu'il faut pour transporter un club vers la Coupe. MaxPac s'écroule sous la pression et n'arrive pas à rassembler l'équipe autour de lui. La culture du CH souffre du manque de grit de MaxPac. Les jeunes sont mal entourés.
Vient le moment des décisions: aller chercher des jeunes pour les développer dans un environnement sans réel leadership comme ça a été le cas à Edmonton, ou rebâtir une "culture CH" en premier. Bergevin choisit la culture CH. Il va chercher Weber et Shaw. C'est le début du "reset" culturel.
Bergevin fait l'erreur de penser que dans cette nouvelle culture, Galchenyuk et Beaulieu vont finalement émerger. MaxPac va exploser. Ce n'est pas le cas. Gallagher s'effondre aussi. Therrien est renvoyé. Heureusement Radulov fait la job et le CH fait les séries. Une ronde.
Nouveau constat: MaxPac, Galchenyuk, et Beaulieu n'adhère tout simplement pas à la nouvelle culture de travail acharné. Après le reset culturel, reset des joueurs. Il faut simplement rebâtir une équipe avec des joueurs qui adhère aux valeurs, mais qui ont du talent. Puisque les plus talentueux (MaxPac et Galchenyuk) ne cadre plus, il faudra les remplacer. Bergevin choisit de le faire par le repêchage. Puisque l'heure est au changement, on veut garder Markov et Radu mais pas coûte que coûte. Les deux s'attendent à recevoir plus et quitte.
L'opportunité Drouin se présente. Il ne fit pas nécéssairement mais l'idée d'une jeune vedette québécoise est trop alléchante.
La saison est amorcée dans une philosophie de reset: alignement tout croche avec Drouin au centre, Schlemko top 4, beaucoup d'argent de lousse, etc. Énorme constat d'échec. Bergevin a voulu faire un reset soft, transitoire, incognito. Les partisans sont en joualvert. De toute évidence, il a voulu maintenir un semblant de compétitivité pour satisfaire les partisans. Il aurait dû jouer franc jeux. Il a créé un fossé avec le fanbase difficile à traverser.
Donc, il accélère le mouvement: Joël Bouchard à Laval, échange MaxPac et Galchenyuk, Weber capitaine. Ça rapporte. L'édition 2018-2019 adhère parfaitement à la nouvelle culture: travail acharné, caractère, vitesse. Weber, Gallagher, Danault, Domi, Shaw, Byron et Lekhonen incarnent parfaitement la nouvelle culture. Tatar et Armia sont porté par cette nouvelle identité. Le contexte semble idéal pour développer des gars comme KK. Le plan va bon train. Reste à convertir Drouin. Tout est prêt pour accueillir les nouveaux espoirs et leur inculquer la nouvelle culture du CH.
2019-2020: première vague d'intégration de la relève. On s'attend à ce que Suzuki joue des matchs, de même que Poehling. Que KK poursuive son apprentissage. On signe Chiarot a prix raisonnable pour donner des options. Mais, déraillement: Drouin se blesse, KK n'est plus une menace, Byron s'écroule. L'équipe plonge. Le plan est encore bon, car la transition se poursuit, mais les partisans grognent. Et il faut montrer aux joueurs que la culture d'acharnement commence en haut: Bergevin va chercher Kovalchuk et Scandella. L'identité du CH semble faire effet car Kovalchuk se défonce sur la glace. L'équipe risque de rater les séries, mais le plan initiale est d'inculquer les valeurs de détermination et de caractère aux jeunes. En ce sens, le plus important, c'est que l'équipe n'abandonne pas.
2020-2021: deuxième vague d'intégration avec Romanov, Primeau, des matchs à Brooks, Caufield, Norlinder?
Voilà selon moi les grandes orientations de l'ère Bergevin. Une première phase avec un noyau qui n'était pas à son image et une deuxième phase en construction, qui a commencé par l'implantation d'une solide culture de détermination et qui nécessite maintenant l'intégration des jeunes joueurs plus talentueux.
Voilà aussi pourquoi Bergevin ne perdra pas sa job: son plan fonctionne comme prévu. Les jeunes s'intègre et se développe en cotoyant des Danault, Weber, Gallagher, etc. Oui l'objectif est de faire les séries, mais je crois que Bergevin trouve mieux à long terme d'inculquer aux jeunes à ne jamais lâcher, travailler à fond pour finalement finir 9e, que de reconnaître la défaite et espérer repêcher top 10. Une vente de feu ne permettra pas de dépasser Détroit et les autres dans le boulier. Ainsi, il vaut mieux enseigner à Poehling, Suzuki, KK, Fleury et Mete qu'à Montréal, on lâche jamais. Ça risque d'être plus payant à long terme que de repêcher 8e et d'enseigner aux jeunes que l'effort est relatif aux circonstances.