Ce n’est pas la première fois que l’étau se resserre vis-à-vis la direction des Canadiens de Montréal. La dernière fois, Marc Bergevin nous a présenté le plan du « reset ». Bien qu’on a pu constater des changements significatifs dans les décisions de l’équipe, les résultats parlent d’eux-mêmes. Le DG des Canadiens avait plusieurs As dans sa manche, ce qui ne lui a pas permis de mettre sur la glace une équipe digne de porter ce chandail.
Le propriétaire des Canadiens a acheté le plan de home staging de son directeur général. Il disait avec confiance que les Canadiens seraient une très bonne équipe dans 3 à 8 ans... il y a déjà 3 ans de ça et la tendance laisse peu présager que les choses s’amélioreront à court terme.
Marc Bergevin a effectué plusieurs changements dans son équipe, autant en ce qui concerne sa garde-rapprochée que les joueurs qu’on retrouve sur la glace. Après toutes ces années, tous les éléments qui composent cette équipe sont sous la responsabilité du DG. Ce sont ses choix. De toute évidence, la tête dirigeante de cette équipe doit être imputable des résultats.
Le marché montréalais est particulier. L’attention médiatique fait en sorte que chaque petit détail est scruté à la lettre. Chaque nouvelle est suranalysée. Dans cet environnement spécial, on prend pour acquis que toutes les améliorations seront difficiles. Même en prenant les plus grands soins, les choix au repêchage, les signatures de contrats et toutes les décisions hockey risquent de se trouver dans le tordeur à un moment où un autre.
Même si le plan de reconstruction des Maple Leafs n’a pas encore fait ses preuves, il reste que Toronto représente un marché hockey comparable à celui des Canadiens. Les amateurs sont passionnés et les attentes envers cette organisation sont élevées.
Un jour, Brendan Shanahan a débarqué dans la Ville Reine avec la ferme intention de créer une organisation gagnante. Après plusieurs années de médiocrité, il était temps qu’un homme crédible et influent prenne les choses en mains. Il a eu pour première mission de créer une culture gagnante, et ce, en commençant par les employés de bureau. Il a congédié tout le personnel incompétent et qui n’avait pas la philosophie qu’il incarnait. Il a par la suite engagé d’autres cerveaux pour continuer le ménage en mettant sous contrat Lou Lamoriello, Mark Hunter et Kyle Dubas. Il avait aussi mis sous contrat le meilleur entraîneur disponible à ce moment en Mike Babcock. Bien qu’il y a eu plusieurs années difficiles suite au jour 0, tous ces acteurs ont travaillé main dans la main et tous dans la même direction. Shanahan voulait implanter une culture de gagnant de manière « top down », c’est-à-dire en bâtissant un leadership à partir des têtes dirigeantes.
Comme je disais, le Shanaplan n’a rien rapporté de concret jusqu’à présent, mais les Leafs sont en train de prouver qu’il est possible de repêcher de jeunes joueurs talentueux et de les développer dans un marché où la pression est forte. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les amateurs de hockey montréalais pourraient encaisser une construction en bonne et dû forme.
Le modèle des Leafs est utile aux Canadiens puisque les deux marchés sont comparables en plusieurs points. Cependant, si on regarde ailleurs dans la LNH, il y a d’autres équipes qui sont en train de démontrer que ce sont les jeunes joueurs qui doivent composer le noyau de leur équipe. Entre autre, le Wild vient de larguer plusieurs de ses vieux joueurs pour changer de visage. Il y a l’Avalanche du Colorado, qui a eu un peu de chance, mais qui s’illustre aujourd’hui parmi les meilleures équipes de la LNH. On en a peu parlé, mais les Hurricanes ont aussi construit un morceau à la fois et ils représentent une très bonne formation sans compter sur un gardien de but talentueux. Le Lightning en est certainement un autre exemple. Les Rangers ont eux aussi de meilleures chances de connaître un bel avenir. Qui peut dire ce que deviendront les Sénateurs d’ici quelques années?
C’est facile de contredire ces modèles en soulignant entre autre la misère des Oilers, des Sabres ou des Devils, mais le point est que pour connaître du succès, il faut avoir une ligne directrice et être prêt à faire des sacrifices pour gagner. Le succès à long terme se construit sur une longue période. Steve Yzerman avait compris cela, que même en connaissant un succès éphémère, que ce n’était pas son objectif. Il devait continuer à faire des sacrifices pour bâtir une équipe prospère.
Les Canadiens de Montréal sont à mon avis rendu pas mal au même point que les Leafs lorsqu’ils ont décidé de raser net. On peut continuer de gérer l’équipe à la manière Bergevin en faisant un pas en avant et un pas en arrière pour encore 100 ans ou encore décider de prendre la destinée entre nos mains.
Au fond, je pense sincèrement que nous avons tous le souhait commun que cette équipe connaisse du succès, mais il faut être réaliste. Cette équipe n’a rien de spécial dans son échiquier, que ce soit à court terme ou à long terme. Il faut écarté la « chance » et les « excuses » de sur notre chemin.
Je suis aussi bien conscient que Geoff Molson est réticent à remercier son bon ami Marc Bergevin de ses fonctions, mais s’il fait preuve d’un peu de lucidité, il se rendra compte que ses entreprises seront bien plus profitables lorsqu’elles connaîtront du succès. Cela exige de nommer les bons hommes aux bons postes. Ce n’est pas facile et cela demande un gros travail d’introspection, mais je crois que c’est ce que nous devons exiger en tant que partisans des Canadiens de Montréal.
Quelle est maintenant la suite logique du reset? On continue dans la même direction? On change de DG pour faire plaisir au bon peuple tout en poursuivant le mandat du prédécesseur? Êtes-vous prêt à prendre les moyens pour que cette équipe retrouve ses lettres de noblesse?