J'ai envie de revenir sur certains concepts qu'on a discuté dans les dernières pages.
J'ai réfléchis sur la question à savoir si Jeff Gorton parlait la langue française, aurait-il eu le titre de directeur-général?
Je me suis souvenu des nombreuses discussions que nous avions eu au sujet de nommer un VP à la place de Molson lorsque Bergevin était DG. Il me semble que c'était assez unanime qu'il était nécessaire de nommer une personne compétente en matière de hockey et qui puisse challenger les décisions de Bergevin. Je ne vois pas en quoi le besoin est différent aujourd'hui que ce qu'il était il y a 2-3 ans. Je pense que Geoff Molson a eu raison de dire qu'il manquait une ressource pour établir les grandes orientations stratégiques de cette organisation puisque Molson ne voulait pas s'en mêler. Selon ce que je lis, il semble que Bergevin était devenu un "control freak" à la fin, ce qui devait nécessairement l'empêcher de voir clair dans la plupart de ses décisions.
On a aussi soulevé les piètres performances du CH dans les dernières années, le repêchage et le développement, et aussi sous entendu l'affaire Mailloux pour expliquer les récentes décisions de Molson. Par contre, on a tous oublié de revenir sur le départ de Joel Bouchard. J'ai l'impression qu'il y a eu une piste qui a émergée d'elle-même suite à son départ. Bergevin avait enfin solutionné un problème important en nommant un homme compétent pour pousser dans le dos des jeunes espoirs. Pour quelles raisons a-t-il décidé de quitter? Bouchard a sans doute quelques réponses à nous offrir puisque s'il a décidé de partir, il y avait sans doute une rupture de philosophie avec l'organisation. Je crois que Molson ne pouvait pas intervenir dans cette situation, mais un VP comme Gorton peut le faire. Gorton aurait pu s'asseoir avec Bouchard, comprendre son processus de décision et tenter de le rattacher à sa mission du Canadiens, ce que Bergevin ne pouvait définitivement plus faire dans les circonstances. Le résultat a été que Bouchard s'est senti plus apprécié au sein d'une autre organisation plutôt qu'à Montréal. C'est quand même majeur comme problème.
Dans la LNH moderne, on voit qu'il y a des plus en plus de postes qui sont scindés. Auparavant, la hiérarchie était assez claire. Aujourd'hui, on voit qu'il y a plusieurs DG-adjoints. Même chose chez les entraineurs avec la nomination des entraineurs-associés. Je veux dire, tous les métiers se perfectionnent. Il suffit de penser à l'utilisation et la compréhension des outils technologiques, de la CBA, de la masse salariale, etc. Je pense que chaque métier est de plus en plus complexe. Molson a raison de dire qu'un VP est nécessaire, ce qui ne veut pas nécessairement dire qu'il est un Clark Kent qui se prend pour un DG. Je suis convaincu que Molson lui a donné un mandat clair. Et cela concerne surtout les grandes orientations stratégiques de l'organisation. Il est définitivement mieux placé que Molson pour donner une opinion hockey et tenir compte des répercussions de prendre telle ou telle décision.
Pour répondre à ma propre question, non je ne pense pas que Gorton aurait été DG s'il parlait la langue française. Je pense de plus en plus que la création du poste de VP était nécessaire. On peut aussi se questionner à savoir si le VP aurait pu être un francophone. Peut-être. Mais en même temps, je pense que c'est pourtant la réponse à la question du fait qu'il faut nommer le meilleur homme, peu importe la langue. Le VP, c'est l'équivalent d'un DG-adjoint. C'est le grand patron qui devra s'exprimer. Gorton aura autant à s'exprimer devant les médias que Mellanby avait à le faire...
En terminant, j'ai envie de suggérer un autre nom du champ gauche, celui de Martin St-Louis. Vous me direz que cet homme a toujours eu une certaine rancune face aux Canadiens, ce qui n'est pas faux. Personnellement, je l'interprète comme une relation amour/haine. St-Louis aurait voulu que le Canadien lui fasse confiance, mais je pense qu'il a toujours porté le Canadien dans son coeur d'une certaine façon. St-Louis est une bonne tête de hockey, un passionné. Il incarne le caractère, la détermination et fait aussi la passation vers le hockey moderne. Je suis peut-être dans le champ sur celle-là, surtout qu'il a peu d'expérience en gestion, mais je sais aussi qu'il est impliqué dans le hockey.